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Déficience mentale et méthodologies adaptées

Ce cours d’approfondissement consistait en une formation à l’accompagnement à la vie affective, relationnelle et sexuelle des personnes à déficience intellectuelle.

Au cours de cette formation, nous avons été invités à nous renseigner sur une de ces deux thématiques : la parentalité ou l’accompagnement érotique/l’assistance sexuelle. Avec deux autres étudiantes de la classe, je me suis renseignée sur l’accompagnement érotique. J’ai regardé de nombreuses vidéos et lu plusieurs articles sur le sujet. Ci-dessous, je vais essayer de vous présenter ce que je retiens principalement de nos recherches.

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Les personnes souffrant d’un handicap ont, comme tout être humain, besoin d’une vie affective et sexuelle, besoin de l’autre, de faire des rencontres, de parler, de séduire, de toucher le corps de l’autre, etc. Cependant, ils se sentent bloqués par leur handicap, ils voient celui-ci comme un obstacle au plaisir. Beaucoup en souffrent profondément. Un témoignage m’a particulièrement interpelée, m’a fait réfléchir et me poser des questions. J’aimerais le partager :

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« Depuis de nombreuses années, je suis célibataire. À chaque fois que je suis tombé amoureux, à chaque fois que j’ai été intéressé, séduit par une fille, elle m’a gentiment fait comprendre qu’elle préférait m’avoir en tant qu’ami. Au-delà de 30 ans, c’était le désert ; je n’avais jamais touché le corps d’une femme, je n’avais jamais eu de contact peau contre peau avec une femme, c’était complètement inconnu pour moi. C’était comme un manque, à tel point que j’étais frustré. À un tel point que quand je voyais des gens en couple se tenir la main ça me faisait mal. Je me rappelle quand je l’ai fait pour la première fois je suis sorti de chez moi et c’était comme si ce point noir avait implosé, avait disparu, n’était plus là. Je me rappelle : je suis sorti, je voyais les gens et c’était comme si j’étais devenu un homme, un homme à part entière. »

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Je trouve ce témoignage touchant, et compliqué à la fois. Je trouve qu’à travers ces paroles on peut ressentir la douleur que cette personne (atteinte d’IMC) a pu ressentir au cours de ses 30 premières années. Les mots qu’il utilise prouvent le mal être profond qu’il pouvait ressentir en lui. Puis la fin de son témoignage est aussi interpellante : « comme si j’étais devenu un homme » …Cela pose question. Il ne se considérait donc pas comme un homme à part entière parce que, dû à son handicap, il n’avait pas la liberté de répondre à ses besoins d’affection, ses besoins d’amour, ses besoins sexuels. Ce témoignage, ces paroles, résument bien la douleur que toutes les autres personnes atteintes de handicap ont pu exprimer dans les différentes vidéos que j’ai pu regarder.

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Sujet particulièrement tabou, beaucoup de pays sont encore fermés à l’idée que les personnes atteintes d’un handicap (physique ou mental) puissent avoir envie et bénéficier de corps à corps, de caresses, de plaisir corporel intime. Cependant, il existe heureusement d’autres pays qui sont beaucoup plus ouverts à la question. C’est le cas par exemple de l’Allemagne, des Pays-Bas ou encore de la Suisse. Ces pays permettent aux personnes porteuses de handicap de bénéficier « d’assistants sexuels » pour répondre à leurs besoins.

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Le métier d’assistant sexuel est une forme d’accompagnement spécifique qui consiste à offrir un moment d’intimité, à procurer du plaisir corporel (sensuel, érotique ou sexuel) aux adultes en situation de handicap qui en font la demande ou à simplement les aider dans leur vie sexuelle.

Cette assistance permet aux personnes de découvrir des sensations jusque-là inconnues mais également de découvrir le corps de l’autre ainsi que leur propre corps. En effet, les soins sont souvent la seule forme de toucher à laquelle accèdent les personnes avec handicap ce qui les amène à avoir une idée de leur corps, une perception de celui-ci et au final à oublier leur corps, à s’oublier. En plus de l’épanouissement et du bien-être, cet accompagnement peut également consister simplement à aider deux personnes atteintes d’un handicap à se positionner durant leurs moments intimes.

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Selon Nina de Vries, « les accompagnants sexuels sont des professionnels, hommes ou femmes, sains de corps et d'esprit, qui ont décidé de façon directe d'aider les personnes handicapées à vivre leur sexualité. Ils permettent aux personnes ayant une déficience mentale ou physique, voire les deux, de vivre une expérience érotique, sensuelle ou sexuelle. Ils proposent des séances de massage, un contact physique, de corps à corps, par le toucher, des conseils sur la masturbation ; ils peuvent amener les personnes à ressentir un orgasme. Certains d'entre eux peuvent également proposer des relations sexuelles : pénétration ou fellation ; ils traitent les personnes en situation de handicap comme leurs égales. »

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Ce métier, assez répandu aux Pays-Bas, en Allemagne ou en Suisse, n’est cependant pas accepté partout. En effet, beaucoup associent ce métier d’assistant sexuel à la prostitution. Dans plusieurs pays, comme en France, ce métier est toujours illégal. Cette fermeture d’esprit oblige les personnes porteuses de handicap à se mobiliser, à manifester pour la légalisation de cette activité, pour la reconnaissance de ce métier. De plus, cette situation amène soit plusieurs personnes motivées à exercer ce métier illégalement soit les personnes en situation de handicap (ainsi que des centres) à se tourner vers la prostitution. Cependant, les travailleurs du sexe ne sont pas formés comme les assistants sexuels, n’ont pas les mêmes capacités. De plus, il n’est pas rare que ces personnes refusent des rendez-vous une fois le handicap appris ce qui atteint souvent fortement les personnes demandeuses. Sans solution, certains parents sont même parfois amenés à prendre ce rôle pour le bien de leur enfant ce qui mène à des situations clairement anormales, problématiques.  

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Ici, en Belgique, l’assistance sexuelle est une réalité (bien qu’elle ne soit pas encore reconnue officiellement ; que les assistants sexuels ne bénéficient pas d’un statut formellement reconnu). C’est l’asbl Aditi qui offre ce service dans notre pays.

Aditi est une asbl belge qui a été créée en Flandre en 2008 sur base de demandes venues d’institutions et de professionnels faisant partie du monde du handicap. Cette association est principalement active en Flandre mais commence à se développer sur Bruxelles et la Wallonie. Celle-ci met en place et propose beaucoup de choses :

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- elle propose des services d’assistance sexuelle

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- elle organise des sensibilisations auprès des futurs professionnels

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- elle conseille, informe et apporte du soutien concernant la sexualité des personnes handicapées

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- elle propose une formation donnée par des professeurs d’université, des médecins, des psychiatres, etc. qui apprennent aux participants suivant la formation les spécificités de la sexualité des personnes en situation de handicap, les effets des médicaments, des techniques de massage, des manières de déplacer une personne au mieux (atteinte de paralysie par exemple), etc.  

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En plus de tout cela, Aditi accompagne les assistants sexuels dans leur quotidien. En effet, Aditi joue le rôle d’intermédiaire entre les bénéficiaires et ces personnes. C’est elle qui établit les premiers contacts avec les bénéficiaires, qui évalue leur profil, leurs demandes, etc. avant de les mettre en relation avec un assistant sexuel. Cette asbl veille donc à mettre au mieux aussi bien le professionnel que le demandeur.

En Belgique, une centaine de personnes formées par cette ASBL offrent leurs services.

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Sources : 
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« IN VIVO " Handicap et sexualité"» (2015), sur le site Youtube, en ligne : https://www.youtube.com/watch?v=veFCx4lO5ck, consulté le 14 décembre 2018.
"3e Episode Sexe & Handicap IN VIVO Magazine de la santé" (2015), sur le site Youtube, en ligne: https://www.youtube.com/watchv=8rcS3NXCyCk, consulté le 14 décembre 2018.
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"4e Episode Sexe & Handicap IN VIVO Magazine de la Santé" (2015), sur le site Youtube, en ligne : 
https://www.youtube.com/watch?v=NQUa8N8NE7c, consulté le 14 décembre 2018.
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"5e Episode Sexe & Handicap- IN VIVO-" (2015), sur le site Youtube, en ligne : https://www.youtube.com/watch?v=IJuCrN2jgtA, consulté le 14 décembre 2018.
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"Moi, Pascal, 50 ans, assistant sexuel" (2010), sur le site Le Parisien, en ligne : 
http://www.leparisien.fr/societe/moi-pascal-50-ans-assistant-sexuel-26-11-2010-1166338.php, consulté le 14 décembre 2018.
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"L’assistance sexuelle existe-elle en Belgique ?" (2014), sur le site Haxy, en ligne : 
http://www.haxy.be/moteur/questionsreponses/lassistance-sexuelle-existe-elle-en-belgique/, consulté le 14 décembre 2018.
 
"Avis n° 74 du 13 novembre 2017 relatif à l’assistance sexuelle aux personnes handicapées" (2017), en ligne : 
https://www.health.belgium.be/sites/default/files/uploads/fields/fpshealth_theme_file/avis_74_ass_sexuelle_aux_ph.pdf, consulté le 14 décembre 2018.
 
Toncheva, D. (2015). L’assistance sexuelle : soin ou prostitution ?, en ligne : http://www.asph.be/Documents/Analyses%20et%20etudes%202015/Analyse%2019%20assistance%20sexuelle%20soin%20ou%20prostitution.pdf, consulté le 14 décembre 2018.
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Carré, J-M. (2015), Sexe, amour et handicap - INFRAROUGE, en ligne : https://www.youtube.com/watch?v=ioyqmF4Jjio, consulté le 17 décembre 2018.
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